A2P : Une Entreprise Ivoirienne Sp茅cialis茅e dans les Produits Phytosanitaires
Mohamed Hamza nous parle du secteur des engrais et des phytosanitaires en C么te d鈥橧voire et pr茅sente les activit茅s de A2P (Afrique Phyto Plus), une entreprise sp茅cialis茅e dans les produits phytosanitaires commercialis茅s en C么te d鈥橧voire et b茅n茅ficiant des derniers acquis en mati猫re d鈥檃griculture durable.
Interview avec Mohamed Hamza, Co-Fondateur de A2P (Afrique Phyto Plus)
Comment se porte le secteur des engrais et des produits phytosanitaires en C么te d鈥橧voire ?
Le secteur des engrais et des phytosanitaires est un march茅 assez concurrentiel. Il y a une centaine d鈥檃cteurs identifi茅s dans ce secteur. Au niveau de la partie intrants et engrais, il y a deux grands acteurs qui sont tr猫s actifs. Et, au niveau des phytosanitaires, il y a une trentaine d鈥檃cteurs actifs sur le march茅. Il y a pr猫s de deux entreprises qui se cr茅ent par ann茅e dans ce secteur vu que la C么te d鈥橧voire est un pays qui a son 茅肠辞苍辞尘颈别 bas茅e sur les produits agricoles tels que le cacao, le coton, etc. Ce secteur est en croissance. Cela s鈥檈xplique par deux raisons. De plus en plus de gens utilisent les produits dans leurs plantations. En outre, il y a de nouvelles plantations qui se cr茅ent parce que les Ivoiriens investissent beaucoup dans le secteur agricole. Il y a donc une croissance naturelle de ce march茅.
Quelles sont les exigences de ce secteur ?
Il y a une barri猫re qui existe vu que ce sont des produits chimiques et dangereux que nous manipulons. Il faut d鈥檃bord une homologation d鈥檌mportation. Ensuite, il faut obligatoirement faire des tests avant le lancement de chaque produit. A ce niveau, il faut travailler avec la direction de la protection des v茅g茅taux du Minist猫re de l鈥橝griculture. Cette direction d茅livre une licence d鈥檈xportation de produits phytosanitaires et de produits sp茅cifiques. Il y a 茅galement une difficult茅 de p茅n茅tration du march茅. C鈥檈st un m茅tier de distribution donc il faut avoir un bon r茅seau de distribution. Or, cela a un co没t.
Quelles sont les grandes cultures en C么te d鈥橧voire ?
Notre objectif d鈥檌ci trois ans, c鈥檈st d鈥檃voir une notori茅t茅 sous r茅gionale. Nous accompagnons certaines plantations industrielles dans les pays limitrophes et nous voulons donc 锚tre un acteur r茅gional 脿 part enti猫re.
La plus grande culture, c鈥檈st le cacao. La C么te d鈥橧voire est le premier exportateur mondial de cacao. Ce pays fait 40% de la production mondiale. Le cacao est un gros march茅 qui est toutefois sp茅cifique. Avec le cacao, il faut faire du porte-脿-porte pour pouvoir le vendre. En somme, le potentiel march茅 le plus gros demeure le cacao. Le march茅 est tr猫s concurrentiel au niveau de cette culture. Les march茅s du coton, de l鈥檋茅v茅a, de la banane et de la canne 脿 sucre sont aussi de gros march茅s de plantations industrielles. A ce niveau, nous nous adressons directement aux responsables de ces plantations.
Votre entreprise est en pleine croissance. Qu鈥檈st-ce qui fait votre succ猫s ?
C鈥檈st le travail. Nous avons une connaissance du march茅, une capacit茅 de gestion et une bonne r茅activit茅. C鈥檈st un march茅 qui bouge aussi bien du c么t茅 des acheteurs que du c么t茅 des fournisseurs. Le maitre-mot, c鈥檈st l鈥檃gilit茅 et la capacit茅 脿 r茅agir tr猫s vite. Il faut avoir le produit avant tout le monde, l鈥檃cheter, le vendre au meilleur prix et avoir un meilleur circuit de distribution pour atteindre la cible finale qui est l鈥檃cheteur potentiel.
Quels sont vos avantages concurrentiels ?
Sur ce march茅, tous les acteurs ont la m锚me mati猫re active, c鈥檈st-脿-dire la m锚me mol茅cule. Ce qui fait la diff茅rence, c鈥檈st qu鈥檌l faut avoir la capacit茅 脿 mark茅ter localement le produit. Il nous faut, en tant qu鈥檃cteur local d鈥檜ne multinationale, savoir adapter un produit avec un nom qui a une consonance locale. Il faut que le produit soit 茅galement disponible et soit adress茅 rapidement vers l鈥檃cheteur.
Parlez-nous de l鈥檃ccord que vous avez conclu avec Syngenta.
Nous travaillons avec Syngenta sur la partie cacao pour la livraison des coop茅ratives. Il y a un partenariat entre A2P, Syngenta et les diff茅rents exportateurs : Cargill, Olam et autres. C鈥檈st un contrat tripartite o霉 nous livrons les coop茅ratives qui travaillent avec les exportateurs de cacao. Nous leur fournissons des produits Syngenta avec un label de qualit茅 puisque c鈥檈st le leader mondial. Une fois que les coop茅ratives ont livr茅 les exportateurs comme Cargill et Olam, ils nous r猫glent 脿 la fin. Cela apporte 脿 notre structure une reconnaissance du travail accompli pendant quatre ans, ainsi qu鈥檜n rattrapage de notori茅t茅 parce qu鈥檃vec l鈥櫭﹖iquette Syngenta, vous gagnez une dizaine d鈥檃nn茅es en termes de cr茅dibilit茅 vis-脿-vis du client.
Les gens sont soucieux de l鈥檈nvironnement. Quelles sont les implications pour vous ?
Notre m茅tier est tr猫s comp茅titif. Et, l鈥檃vantage pour les paysans, c鈥檈st que la comp茅tition a amen茅 les prix 脿 la baisse. En 10 ans, les prix des produits ont 茅t茅 divis茅s en deux. Ce qui n鈥檈st pas forc茅ment la tendance des cours des mati猫res premi猫res qu鈥檌ls ont vendu. Cela am茅liore le pouvoir d鈥檃chat des paysans. Pour ceux qui n鈥檜tilisaient pas les produits du fait du co没t, ils trouvent qu鈥檌ls sont abordables et que les produits augmentent leur rendement. Nous d茅veloppons des produits qui sont 100% biologiques pour aboutir 脿 des produits 茅cologiques. Je ne crois pas en une transformation du march茅 en produits 100% biologiques d鈥檌ci les cinq ann茅es 脿 venir, mais il faut commencer 脿 suivre la tendance. C鈥檈st un travail d鈥檃nticipation que nous faisons, car le march茅 茅volue assez rapidement. Par exemple, en Europe, on parle de plus en plus de l鈥檌nterdiction du glyphosate, un produit tr猫s important dans le monde. Aussi, nous avons homologu茅 des produits qui ne sont pas de gros volumes mais qui font partie des anticipations.
Etes-vous int茅ress茅 par des investisseurs qui prendront des parts dans votre capital?
Notre d茅veloppement se fait sur fonds propres. Nous avons des b茅n茅fices dus 脿 la croissance. Cette croissance est tr猫s rapide pour certains, mais nous, nous pensons que les choses ne vont pas vite. En tant qu鈥檈ntrepreneur, il faut anticiper sur tout. Nous n鈥檃ttendons pas d鈥檃voir besoin de fonds pour y penser. Nous avons d茅j脿 commenc茅 脿 scruter le march茅. Nous explorons plusieurs pistes dont celle dont vous parlez. C鈥檈st vrai qu鈥檌l y a une croissance de l鈥檈ntreprise, mais on n鈥檈xclut pas de faire rentrer des fonds dans le capital pour acc茅l茅rer le d茅veloppement dans une perspective r茅gionale. Car, nous avons une vision r茅gionale. C鈥檈st vrai que nous avons d茅velopp茅 les 茅changes avec des pays de la sous-r茅gion, pr茅cis茅ment de la CEDEAO (Communaut茅 Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Mais nous avons la volont茅 d鈥櫭猼re un acteur sous r茅gional. Nous sommes encore en pleine r茅flexion. Nous pouvons faire appel 脿 un acteur industriel ou 脿 un fonds purement financier qui va apporter du cash. Toutefois, notre entreprise s鈥檃utofinance, s鈥檌l devait y avoir un partenaire qui devait rentrer dans les fonds, ce serait un acteur industriel qui apporterait une strat茅gie industrielle 脿 l鈥檈ntreprise.
Avec quels fournisseurs souhaiteriez-vous coop茅rer ?
70% de nos produits proviennent de l鈥橝sie, plus pr茅cis茅ment de l鈥橧nde et de la Chine, et 15% de fournisseurs europ茅ens dont Syngenta. Mais nous ne sommes pas ferm茅s 脿 de nouveaux fournisseurs. Nous recherchons des produits qui peuvent 锚tre plus innovants. Nous n鈥檃vons pas la facult茅 de faire de la recherche donc nous nous approvisionnons en produits de r茅f茅rences qui font office sur le march茅. Si nous voulons avoir plus de rendements pour les paysans, nous sommes oblig茅s de nous adosser 脿 des soci茅t茅s comme Syngenta ou Bayer ou d鈥檃utres qui ont la capacit茅 de faire de la recherche et d鈥檌nvestir dans les recherches pour donner des produits de qualit茅. Nous, nous travaillons sur des mol茅cules qui ont fait leur preuve. Nous importons et commercialisons des g茅n茅riques, des produits qui existent. Mais, nous voulons aller vers un niveau sup茅rieur et voir comment nous pouvons int茅grer des produits beaucoup plus efficaces et plus rentables pour le paysan.
Dans trois ans, que sera votre entreprise ?
Nous voulons continuer notre d茅veloppement et 锚tre un acteur national incontournable. Notre objectif d鈥檌ci trois ans, c鈥檈st d鈥檃voir une notori茅t茅 sous r茅gionale. Nous accompagnons certaines plantations industrielles dans les pays limitrophes et nous voulons donc 锚tre un acteur r茅gional 脿 part enti猫re.
Quelles sont les actions que le Minist猫re a pos茅 pour faciliter votre travail ?
Le Minist猫re a pos茅 plusieurs actions. Il y avait des produits frauduleux qui venaient de certains pays limitrophes de la C么te d鈥橧voire et qui rentraient dans le pays. C鈥櫭﹖ait une concurrence d茅loyale contre nos produits qui 茅taient test茅s contrairement 脿 ces produits. Mais depuis deux ou trois ans, le Minist猫re, plus pr茅cis茅ment, la Direction de la Protection des V茅g茅taux, a instaur茅 une politique de suivi qui commence 脿 porter ses fruits. Ces produits frauduleux n鈥檈ntrent plus sur le territoire ivoirien. Cela nous permet de faire notre travail.